Sommes-nous plus fatigués que nos grands-parents ?
On pourrait estimer qu’un ouvrier dans des usines de montage à la chaîne travaillant 48h dans les années 20 ou un paysan travaillant la terre 7 jours sur 7 seraient bien plus fatigués que notre génération travaillant bien souvent de manière sédentaire derrière un bureau avec un horaire légal de travail de 35 ou 39 heures.
Le grand changement provient de notre regard sur l’oisiveté. Au XIXème siècle, l’oisiveté était synonyme de richesse et était donc un marqueur de réussite sociale car seules les personnes aisées pouvaient prendre des vacances ou s’octroyer des moments de détente.
Dans les années 1920, des recherches scientifiques et sociologiques sur la fatigue montrent que le travail épuise davantage moralement que physiquement, en raison du geste répétitif vide de sens du travail à la chaîne.
La tertiarisation de l’économie et la montée en compétences des métiers ont encore renforcé la fatigue psychique. Et cette fatigue s’est accrue par le rythme de travail et la pression des clients, de sa hiérarchie et de ses collègues.
La fatigue physique liée au travail n’a pas disparu. Elle a pris d’autres formes comme les troubles musculo-squelettiques dus à l’immobilité forcée ou les troubles de la vision dus au travail devant les écrans.
La préoccupation n’est donc pas la fatigue en général, mais la fatigue psychique. En effet, de nos jours, la fatigue physique est plutôt recherchée à travers le sport qui sert d’exutoire. La fatigue physique devient de la bonne et saine fatigue.
Mais la fatigue psychique n’est pas nouvelle. Les intellectuels grecs parlaient de mélancolie il y a 3000 ans, les Romantiques du XIXème siècle parlaient du spleen et pendant la révolution industrielle, on parlait de neurasthénie.
Le début de la solution repose sur le fait d’accepter d’être fatigué(e).