La fatigue est une (mauvaise) norme sociale

Comme beaucoup d’entre nous, je croyais que le coca était indispensable lorsque l’on avait la gastro. J’étais fermement persuadé qu’un régime à base de riz et de coca était recommandé.

Peut-être le croyez-vous encore… mais c’est faux ! Je ne dirais pas que c’est totalement faux, mais cela reste une idée reçue.

Tout est parti d’une étude à la fin des années 60 montrant que le sucre et l’acide phosphorique contenus dans le coca pourraient avoir une action anti-vomitive.

Par ailleurs, c’est une boisson contenant des sels minéraux et donc, à ce titre, est bénéfique pour combattre la déshydratation inhérente à la gastro.

Vous devez vous demander pourquoi je vous parle du coca et de la gastro dans une vidéo sur la fatigue, mais je vais bientôt vous expliquer tout cela… J’y arrive bientôt…

Mais, en fait, le coca n’apporte pas suffisamment de sels minéraux face à la déshydratation et vous pourriez prendre n’importe quelle autre boisson contenant des sels minéraux à la place, type Vichy Saint Yorre, qui serait bien plus efficace.

Par ailleurs, le coca contient des bulles, du sucre et de la caféine.

Les bulles de gaz contenues dans cette boisson peuvent entraîner une accélération des contractions gastriques susceptible de provoquer des vomissements.

Le sucre peut aggraver la diarrhée, de même que la caféine.

Il ne reste donc plus beaucoup d’aspects positifs au coca comme remède face à la gastro… !

J’ai commencé cet article par cette anecdote de l’effet du coca sur la gastro car c’est une idée reçue. Une idée reçue comme toutes les fausses croyances autour de la fatigue et du stress.

Par exemple, diminuer autant que faire se peut ses plages de repos, sa durée de sommeil et ne pas faire de pauses, dans le but d’être plus productif et plus performant est indéniablement une idée reçue ! Une fake news comme nous dirions de nos jours.

 Si l’oisiveté à outrance est bien entendu nuisible à sa propre performance, mais également à son bonheur, j’y reviendrai dans une prochaine vidéo, le repos est absolument nécessaire pour être performant dans son travail et être heureux dans sa vie. Et je vais vous le démontrer.

Pascal, pas moi celui qui est intelligent et connu…, Pascal dans ses Pensées a écrit : « Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. »

Intéressant !?

Agir sans cesse est devenu une norme sociale. Se reposer est mal vu.

C’est une norme sociale entraînée par l’ère industrielle où le maître mot était la productivité. Productivité dans l’entreprise, mais également productivité personnelle, il fallait donc toujours faire plus et plus vite, plus d’activités et plus d’efficacité.

Nous sommes aujourd’hui dans une société de la performance, où il faut être au maximum de son potentiel à chaque instant. Ce qui nous incite à courir tout le temps, à gérer plusieurs tâches en même temps et à être productif.

Depuis René Descartes, la médecine occidentale a idéalisé le corps humain, voyant en l’homme une machine dont on pourrait sans cesse améliorer les performances. Et avec l’avènement des robots et des ordinateurs, il y a une compétition implicite dans les entreprises entre l’homme et la machine, tendant à demander aux humains de fonctionner parfois comme des machines.

Vous connaissez ce proverbe « Le temps c’est de l’argent » qui provient du proverbe américain « Time is money » de Benjamin Franklin.

Pour faire des profits, et implicitement réussir sa vie, il faut savoir bien utiliser son temps et ne pas en perdre. Cela signifie implicitement : pas de temps pour le repos donc ! si vous voulez réussir votre vie.

Chaque seconde d’activité semble donc cruciale. On ne prend donc plus le temps de se poser. On ne sait plus se reposer.

Nous sommes conditionnés pour ne pas être sensible à la fatigue et ne pas en tenir compte. Pour être des durs au mal.

D’autant plus dans un contexte de crise économique, le stress et l’anxiété engendrés par la peur de perdre son travail accroît cette croyance.

On pense alors que si on n’est pas disponible à minuit pour répondre à un mail urgent, on risque d’être mal vu et donc de perdre son travail. Ce comportement entraîne bien entendu des problèmes d’insomnie.

On pense devoir vérifier ses mails régulièrement, ce qui empêche la déconnexion et le repos de son cerveau.

Sans parler de l’addiction provoquée par les notifications et les emails qui entraînent une décharge de dopamine, neurotransmetteur du plaisir. Cela provoque donc une sur-stimulation induisant une fatigue chronique.

Nous sommes confrontés à des injonctions paradoxales. Le travail doit être un levier de notre épanouissement personnel. On doit ainsi s’investir et s’éclater dans son travail. C’est l’injonction « Epanouis-toi dans ton travail ».

Mais d’un autre côté, le monde de l’entreprise peut être de plus en plus contraignant, déresponsabilisant et avec une pression non propice à l’épanouissement personnel. La hausse du chômage rajoute également une insécurité économique.

En plus de son travail, nous sommes incités par la société à « profiter » d’un maximum d’activités, dont l’étendue des possibles s’est largement agrandie. « Quand on arrête de travailler, on va se précipiter dans une fringale d’activités de loisirs, de sport, de culture », analyse ainsi Philippe Zawieja. « Même les vacances sont soumises à l’impératif de performance. Les plages de vrai répit sont extrêmement rares. »

Nous sommes soumis à de multiples sollicitations via les mails, les notifications et les réseaux sociaux.

Nous ressentons un besoin d’être connecté(e) en permanent pour ne pas louper une bribe d’information. Coupé(e) de l’information, nous nous mettrions ainsi en dehors du monde.

Eric Fiat, professeur de philosophie compare notre condition dans cette époque de la sur-sollicitation à celle d’un “caméléon sur un kaléidoscope” sommé de s’adapter… ou mourir.

Vous voyez ce qu’est un kaléidoscope ?

C’est un instrument optique réfléchissant plein de couleurs sans cesse différentes.

Cela signifie que notre pauvre caméléon doit s’adapter en permanence… et cela l’épuise !

Nous nous retrouvons ainsi épuisés de “cet effort permanent pour ne pas perdre son capital économique, physique, social, érotique”, dans la société de la performance qui est la nôtre.

 Nous devons donc réapprendre à nous reposer.

A nous reposer pour notre propre bien-être, mais également pour notre performance, car notre cerveau ne sait pas fonctionner sans ces périodes de repos. 

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