Une température de 13°C pour être productif !
Comme il existe en géométrie un nombre d’or, étalon de l’harmonie universelle, il existerait aussi, en matière d’activité économique, une température idéale.
Une température de 13°C idéale pour la productivité
Des chercheurs des universités californiennes Stanford et de Berkeley ont publié une étude où ils ont corrélé l’évolution du produit intérieur brut (PIB) de 166 pays, sur la période 1960-2010, avec les fluctuations de la colonne de mercure. La productivité – l’efficacité avec laquelle les sociétés transforment ressources naturelles, énergie, capital et travail en biens ou en services – « atteint son pic à une température annuelle moyenne de 13° C », au-delà de laquelle elle « décline fortement ». Un climat trop chaud nuit non seulement aux productions agricoles, expliquent les auteurs, mais aussi aux performances et à la santé des travailleurs de l’ensemble des secteurs d’activité.
Il montre aussi que les pays du Sud sont déjà désavantagés dans la compétition économico-climatique, puisque si la France (12,6 °C en moyenne sur la période 1981-2010), le Royaume-Uni, l’Allemagne, les Etats-Unis ou le Japon connaissent des températures médianes légèrement en dessous ou voisines du seuil fatidique, le Brésil dépasse allègrement les 20 °C, tandis que l’Inde, l’Indonésie, le Nigeria ou le Mali flambent entre 25 et 30 °C. Pour ces nations, chaque degré supplémentaire au-delà de l’optimum de 13 °C ampute davantage le PIB, alors que dans les zones froides ou tempérées, chaque degré de plus en deçà de cette limite se traduit en gain de richesse.
Les chercheurs se sont projetés vers l’horizon de la fin du siècle, en modélisant l’impact du réchauffement climatique en cours sur la productivité mondiale. C’est l’enseignement principal de leur étude, et il n’a rien d’un conte pour enfants. Dans un scénario « business as usual » – avec une poursuite de la trajectoire actuelle des émissions de gaz à effet de serre –, cette productivité sera, globalement, inférieure de 23 % au niveau qu’elle atteindrait sans réchauffement et 77 % des pays connaîtront une croissance moindre que si le globe restait à température constante.
Source : article du Monde « 13 °C : la température optimale pour l’économie mondiale »
Un exemple de biais cognitif et statistique
Alors, est-ce qu’il faudrait pour autant mettre les climatiseurs à fond dans les entreprises ?….
Non, car cette étude, émise pourtant par éminents chercheurs américains, est soumise au biais de corrélation. Une corrélation est un lien statistique entre 2 variables : ici entre le PIB et la température. Ceci est indiscutable… mais la corrélation n’implique pas une causalité.
Le scientifique Franz Messerli avait montré une corrélation entre la consommation de chocolat par habitant et par an et le nombre de prix Nobel pour 10 millions d’habitants. Manger du chocolat rendrait donc les individus intelligents…
Non, pas du tout. C’est confondre corrélation et causalité : c’est le niveau de vie par tête qui explique les dépenses d’éducation et de recherche et donc les chances d’avoir des prix Nobel dans sa population, mais aussi le pouvoir d’achat qui permet de consommer du chocolat.
Conclusion : augmentez votre chauffage !
Cette étude confond donc bien corrélation et causalité. On ne peut donc pas conclure que la température de 13°C permet d’avoir un PIB plus élevé, mais certainement que ce sont dans les pays tempérés qu’historiquement les économies ont prospéré.
Donc si vous souhaitez être productif, vous pouvez augmenter votre chauffage !