La recette des neurosciences pour être plus performant : se laisser distraire !

Il y a quelques années, j’ai rencontré un coureur à pied de très bon niveau qui avait un travail très prenant. Il s’appelait Bruno. Il était responsable d’une grosse équipe et avait de fortes responsabilités. Et il développait en plus un projet de coaching sportif innovant avec des partenaires. Il était fier de montrer qu’il était capable de développer une brillante carrière, de lancer un projet extra-professionnel tout en étant très performant dans les compétitions de course à pied.

Il m’avoua assez rapidement la clé de son succès : les séances de course à pied lui permettaient de réfléchir sur des sujets structurants pour son travail et son projet. Il emmenait ainsi un sujet et un objectif avec lui et il réfléchissait au sujet pour atteindre l’objectif fixé. Il déterminait ainsi des plans d’action ou générait des nouvelles idées pendant qu’il courait. Ainsi, il considérait ne pas perdre de temps pour ces moments de réflexion car il les utilisait également pour courir.

J’étais impressionné par cette brillante technique qui lui permettait de gagner un temps incroyable tout en maintenant ses séances de course à pied.

Cette admiration fut de courte durée, car j’appris peu de temps après que Bruno avait été « mis à l’écart » de son travail et avait arrêté son projet.

En étudiant les neurosciences par la suite, j’ai compris pourquoi sa technique ne pouvait pas fonctionner.

Rachel et Stephen Kaplan ont démontré qu’il existe deux catégories d’attention : l’attention sélective et l’attention involontaire.

L’attention sélective est régie par le système de contrôle exécutif du cerveau qui dirige délibérément toute notre attention vers notre action en cours. C’est cette attention qui est nécessaire pour mettre en œuvre des tâches ou réflexions complexes.

L’attention involontaire intervient dans le cas où des éléments environnants attirent notre attention.

Ils ont prouvé (*) que lorsque l’attention involontaire est en action, les parties du cerveau associées à l’attention sélective en profite pour se ressourcer. En d’autres termes, pour que votre attention sélective soit optimale et donc que vos pensées et vos actions soient performantes, vous devez la faire reposer en déclenchant l’attention involontaire.

Par ailleurs, il a été prouvé par Harold Pashler que les capacités intellectuelles diminuaient significativement lors d’une activité physique intense. Ainsi, il a demandé à des individus d’accomplir simultanément des tâches physiques et intellectuelles rudimentaires. Il a alors constaté que les performances d’un étudiant en MBA à Harvard étaient équivalentes à celles d’un enfant de huit ans !

La technique de Bruno ne fonctionnait donc pas à 2 niveaux :

  • Il ne reposait pas suffisamment son attention sélective et devenait moins performant dans ses autres activités professionnelles et extra-professionnelles. Il avait notamment de plus en plus de difficulté à prendre des décisions.
  • Ces réflexions lors de ses sorties en course à pied se sont révélés moins brillantes qu’attendues et sont devenues la base de mauvais choix.

La morale de l’histoire est que pour être performant et gagner du temps, il faut jouir d’activités contemplatives et laisser de temps en temps son cerveau se distraire.

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