Est-ce que le cerveau des femmes est conçu pour élever les enfants et celui des hommes pour réparer la voiture ?

Les préjugés sur les différences biologiques entre les sexes restent vivaces. Beaucoup pensent encore que les comportements différents des hommes et des femmes sont basés sur les différences génétiques. Les neurosciences nous montrent le contraire.

La croyance voudrait que ce sont des différences innées de capacités mentales entre les hommes et les femmes qui déterminent leur représentation sociale et professionnelle. Cela ne sert donc à rien ne sert d’inciter les femmes à suivre des filières scientifiques et mathématiques car elles y réussiront moins bien !

Les hommes seraient ainsi plus enclins à l’initiative, à la prise de décision et à la compétition, ils posséderaient de meilleures capacités de spatialisation, seraient meilleurs en mathématiques alors les femmes seraient plus émotives, sensibles, intuitives, bavardes….

Qu’en pensez-vous ?!

Ces différences ne sont statistiquement pas contestables. Ainsi, les femmes ont bien un statut social subalterne dans beaucoup des sociétés passées et actuelles. Mais est-ce que cela signifie que cette répartition repose sur des considérations biologiques et non sociétales ?

Cette vision correspond à un courant d’idées qui se nomme le déterminisme biologique, théorie qui justifie la hiérarchie entre les sexes par des critères biologiques. La hiérarchie des sexes… mais pas uniquement : celles des races, des classes sociales et des orientations sexuelles également !

C’est dans les années 70 que des chercheurs américains ont lancé la théorie des 2 cerveaux : l’hémisphère gauche serait spécialisé dans le langage et le raisonnement analytique, tandis que le droit serait spécialisé dans la représentation de l’espace et les émotions. Les meilleures compétences des hommes en mathématiques résulteraient d’un plus grand développement de l’hémisphère droit par rapport à la femme. Logique non !? (je m’adresse aux hommes car les femmes ne pourraient donc pas en faire preuve…).

C’est totalement faux ! Cela fait partie des neuromythes… comme celui que nous perdrions inexorablement des neurones à partir de 20 ans jusqu’à notre mort…. Faux !

Nous produisons des neurones tout au long de notre vie au sein de notre hippocampe.

Le cerveau humain est constitué d’environ 100 milliards de neurones, lesquels forment des circuits et communiquent entre eux grâce à des synapses dont le nombre est de l’ordre d’un million de milliards. 90 % des synapses vont se former progressivement dans les années suivant la naissance. C’est la base de la neuroplasticité qui permet ainsi d’expliquer que des différences cérébrales puissent être crées en réponse à l’environnement. Cela signifie que 90 % de nos comportements sont acquis et non innés !

C’est une bouffée d’optimisme, car cela montre que tout le monde peut changer… même ceux qui croient que les femmes ne savent pas lire une carte !

Sur le plan strictement biologique, les cerveaux des hommes et des femmes sont différents. Mais est-ce l’action de la société à travers cette neuroplasticité qui les a façonné ainsi ou un déterminisme génétique ?

Beaucoup d’études montrent désormais le rôle majeur des facteurs socioculturels dans les différences d’aptitudes cognitives entre les sexes.

Voici une étude citées dans Les cahiers dynamiques : les stéréotypes sont ancrés de façon inconsciente chez les hommes comme chez les femmes et influencent précocement les comportements, y compris les performances cognitives comme l’illustre une étude réalisée chez des enfants de 6e et de 5e. On montre aux enfants une figure complexe et on leur demande de l’observer attentivement ; ils sont prévenus qu’il faudra ensuite la redessiner de mémoire de façon chronométrée. Pour la moitié des enfants, la consigne insiste sur le fait que ce test permet d’évaluer leurs compétences en géométrie, alors que pour la seconde moitié des enfants, la consigne indique que ce test permet d’évaluer leurs compétences dans le domaine du dessin. La figure et la tâche sont donc identiques pour les deux groupes, seule l’explication donnée aux enfants sur la fonction du test varie. Les résultats montrent que lorsqu’on insiste sur les capacités en « géométrie », les filles sont très inférieures aux garçons, alors que c’est l’inverse en contexte « dessin » : les filles sont meilleures que les garçons. Cette étude montre le poids des stéréotypes sur les performances cognitives qui alimentent l’idée d’infériorité des femmes dans le domaine des mathématiques et des compétences visuo-spatiales. 

Ces stéréotypes, ancrés dès l’enfance, guident ensuite les choix d’orientation et de carrière : les filles se tournent plus facilement vers le social, le médico-social, les services ou l’enseignement. Les hommes en revanche s’orientent plutôt vers les secteurs techniques, de la construction, de la production, de l’industrie, de l’ingénierie. Ainsi en 2010 en France, les filles représentaient 45,2 % des élèves en terminale scientifique mais seulement 27 % des élèves entrant en école d’ingénieur.

Alors toujours convaincu que les différences réelles de comportements entre les hommes et les femmes ne sont pas essentiellement le fruit de notre éducation et de la société ?

Source : Le cerveau a-t-il un sexe ? et Le cerveau, le sexe et l’idéologie dans les neurosciences

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